6- Pata
De tous les membres de X, Pata était celui qui me ressemblait le moins. Tout ce qu’il faisait était le contraire de moi. Jamais un mot plus haut que l’autre, d’humeur égale, il était naturellement protégé par les autres membres. Il avait ses opinions mais, contrairement à moi, il n’en parlait pas et n’entrait jamais en désaccord avec qui ce que soit non plus. Il n’entrait jamais dans les disputes mais il restait assis là calmement avec une bière. Doux depuis le début, il était peut-être celui qui agissait le plus en adulte.
Il y avait une chose qui pouvait le faire changer d’attitude. C’était « Les Giants[1] ont-ils perdu ou gagné ? » Il était tellement fan d’eux que même le bureau qu’il avait monté s’appelait « Le Bureau des Giants. ». Alors s’ils perdaient, il était de mauvaise humeur et perdait facilement son calme. Dans le groupe, notre règle implicite était « Les Giants ont perdu, Pata va être d’une humeur de chien aujourd’hui ! »
La première fois qu’on a joué au Tokyo Dome, il était ému pour une raison différente de la nôtre. C’était parce que c’était le terrain emblématique des Giants. Durant les pauses des répétitions, il jouait au base-ball avec Toshi et son visage exprimait un bonheur que je pourrais pas décrire.
Pata le fan des Giants avait aussi sa bête noire. Il détestait les nouilles au sarrasin ( NDT : le soba). Depuis son enfance, il y était allergique. Une fois, à l’école primaire, alors qu’ils avaient servi des nouilles au sarrasin pour le déjeuner, un des enfants qui avait été forcé d’en manger mourut. Ca peut paraître ridicule de mourir en mangeant des nouilles mais pour lui, c’était un sérieux problème.
Une fois, je suis allé avec Pata et deux autres personnes dans une fabrique de nouilles au sarrasin. Mauvaise idée ! Dès la station de train, il toussait, reniflait, son nez coulait, ses yeux pleuraient…et dans le taxi, il ne pouvait plus que dire « C’est horrible. Je sens le sarrasin d’ici. Si je reste ici, je vais mourir. Il faut que je m’en aille ! »
A cette époque, je n’étais pas au courant de son allergie alors je répondis « De quoi tu parles ? J’adore les nouilles au sarrasin ! Allons manger ! »
Maintenant que j’y pense, quand on était au restaurant et que quelqu’un commandait ce plat, en général il quittait la table. Pata sait très bien ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Peut-être que sa vie s’organise autour de cette division. Il est facile à cerner sauf sur ce point et le seul moment où Pata n’était jamais dérangé par rien, c’était quand il était ivre.